CAMPAGNE du TONKIN
Bataille de Thuan An
Bonjour mes p'tits canards ! à tribord à babord
Salut à tous nom d'un sabord
Comm'dit notre brave pilote.
Mais permettez que j'me présente d'abord
POLYTE, PASSE-PARTOUT, engagé sur la flotte
Natif de Belleville, un parisien pur sang
Parisien, matelot, çà vous patte !
Eh bien c'est comme çà !
C'est pas que je me flatte
Ca pousse pas à Paris, c'te graine là
Vous n'en trouvez pas deux comme moi sur mille
De la Bastille à Belleville
Les parisiens, c'est ni pour faire chasseurs
Ou des Zouzous ou même des tirailleurs
Et quand leur flotte va t'en guerre
Elle ne passe pas la Grenouillère
La mienne ah non d'un tonnerre de Toulon
Je vas vous conter çà, çà ne sera pas long
Quoique parisien je suis rentré dans la marine
Pour des raisons de coeur...je suis Papa
Ca vous épate pas vrai, c'est pourtant comme çà
Y m'affais élever ma soeur, une gosseline
J'avais onze ans quand sur les bras elle me resta
Et dans le buffet, pas un rond dans la poche
Fallait pourtant payer les mois de la nounou
C'est pas pour faire à personne de reproche
Mais vrai c'est bien trop de malheur pour un coup
Va çà ne fait rien que j'dis à la mioche
En lui débarbouillant son petit museau
T'auras du lait mignonne, et même de la brioche
Là-dessus j'ai lâché mon métier de typo
Où je ne gagnais pas le nécessaire
Je m'suis mis dans la mer pour être père
Et je donne ma solde à la petite soeur
De cette façon plus rien qui m'embarasse
Tout est en règle au petit bonheur
En avant le p'tit parisien, vogue sur la grande tasse
A la grâce de Dieu, le petit matelot
Les premiers temps, c'était pas rigolo
J'me sentais là-dedans, du barbouillage
Le p'tit salé me revenait
Ca tournait, çà tournait
Y paraît qu'c'est l'usage
Et les harengs pouvaient s'dire d'abord
En me voyant cracher par-dessus bord
Aux petits des poissons, il donne la pâture
Hein vous voyez, qu'on a de la littérature
Mais peu à peu l'estomac s'est remis
Maint'nant je rigole quand il fait d'l'orage
Je blague les coups de tangage
Et je m'tape l'oeil du roulis
Et puis ces derniers temps mon vieux caronnade
J'aurais plus eu l'temps de me sentir malade
On s'en allait en Chine'....du pétard
J'étais incorporé sur le BAYARD
Un cuirassé grand comme Notre-Dame
Avec des ténors en cuivre, faut voir çà
Qui vous poussent là, sans réclame
L'ut de poitrine, à faire éclater l'Opéra
J'étais bigrement fier, pas besoin de vous dire
Que j'aurais pas, pour un empire
Donné ma place à c'te fête-là
Mais voilà la flotte Chinoise
N'avait pas tant de goût que moi pour ce concert
Elle se cachait la vieille sournoise
Pas moyen de lui chanter notre grand air
Nous la cherchions depuis tout un semestre
Quand un matin, Papa Courlot notre chef d'orchestre
Nous dit, eh les enfants, nous y voilà cette fois
Va falloir chanter la romance
Voilà la flotte des Chinois
Nous allons lui s'riner les vieux refrains de France
Notre Amiral fait avancer
Le torpilleur qui va lui chanter l'ouverture
Alors le lieutenant qui doit le commander
Choisit deux hommes, deux lap... pour l'aider
Moi j'm'offre, mais COURBET regarde ma figure
Et me dit t'es trop jeune mon fiston
Trop jeune !!Ah non de non, non de non
Que je réponds, si l'on peut dire
Faut donc être vieux, pour avoir le droit d'y aller
Alors l'Amiral s'mit à sourire
Et dit au Lieutenant vous pouvez l'emmener
Et nous voilà partis
Faut faire sauter la flotte
Nous la ferons sauter
Et rien que d'y penser, vrai çà me ravigotte
Mais comme nous approchons tout doucement
V'là qu'on nous aperçoit d'un bâtiment
Et qu'on tire sur nous, que c'est une vraie grêle
L'autre matelot reçoit une prune dans l'oeil
Comme il se plaint, le Lieutenant
Lui montre sa tunique couverte de sang
Crois-tu donc que je sois à la fête
Alors tout çà me monte encore la tête
Craignez rien que j'dis, y peut tirer l'canon
Le diable m'emporte si je recule
Qu'ils le veuillent ou non
Faudra qu'ils avalent la pilule
Et comme nous sommes près d'un vaisseau
Je lance la torpille d'une main fière
Et pendant que l'torpilleur fait machine en arrière
Boum, c'est le bâtiment Chinois qui fait le saut
Et voilà c'est pas difficile
J'en aurais comme çà fait sauter mille
Eh ben, paraît pourtant qu'c'était très bien
Au retour, l'Amiral vint me tirer l'oreille
Et m'dit mon p'tit parisien
Une action pareille
Vaut la croix, tu l'auras
Dès qu'à Paris tu rentreras
La croix à moi POLYTE !...mince de n....
C'qu'y vont m'lurquer dans l'faubourg...oh là là
J'en suis encore tout baba
Pardon, j'oublie que j'suis Papa
Je vas vite embrasser la gosse
A.TABARY Hopital de Montargis
Le Navire Ecole.....La JEANNE D'ARC
ARNAUD ...mon neveu
Le PETIT MOUSSE de TOULON